Henryk est séminariste en cinquième année pour le diocèse de Nantes. Il passe le confinement avec sa famille à Toulouse. Profitant du calme de la ville, il relit les événements. Il nous livre ses quelques réflexions.
Le rêve d’Emile Combes est réalisé. Ce que la troisième République n’a pas réussi à faire, la cinquième, grâce à un coup de pouce du covid-19, l’a fait : la religion est réduite à la seule pratique privée.
Il y a quelques semaines, nous avons été invités à aller voter, mais il était interdit d’aller à la messe.
Dans deux semaines il est prévu que nous puissions aller à l’école, mais pas à l’église.
Depuis le début de cette crise, les contradictions sont nombreuses. Malheureusement les questions qui concernent l’Église ne sont que la cerise sur ce gâteau empoisonné. A propos du virus tout est dit, ainsi que son contraire. Nous avons envie de crier avec Pilate : « Qu’est ce que la vérité ? ». Le Seigneur nous répond : « Quiconque appartient à la vérité écoute ma voix ».
Mais ça c’était avant Pâques. Ils sont finis les jours de la passion !
Et pourtant les apôtres sont confinés au Cénacle. Est-ce que tout sera résolu par l’envoi de l’Esprit Saint à la Pentecôte ? Prenons l’exemple du premier des apôtres, saint Pierre. Jusqu’au dernier jour, il aura la tentation de fuir le Christ.
Je vous rappelle ce que nous dit la tradition : Pierre est à Rome et les persécutions de Néron battent leur plein. Il tente de fuir l’Urbs, mais le Christ lui apparaît. L’apôtre demande : « Quo vadis domine? »[1]. Le Seigneur lui répond : « Romam eo iterum crucifigi »[2]. Et le premier pape le suivit.
Où vas-tu Seigneur, où demeures-tu ? La question est toujours la même, des bords du Jourdain jusqu’à la croix. La croix du Seigneur au Golgotha, la croix inversée de Pierre au cirque romain, la croix que nous aurons à porter au jour de notre mort.
Suivrons-nous le Christ ? Peut-être dans le combat pour avoir le droit de célébrer le Saint Sacrifice dans nos églises.
Mais cette question est pour demain. Aujourd’hui nous ne sommes pas dans les rues. Pour un temps encore nous sommes enfermés. Et le Christ nous demande de le suivre aujourd’hui. Et ce n’est pas moins difficile, au contraire.
Nous avons besoin de force pour tenir. La vertu de force nous permet d’accomplir des actes « héroïques » ponctuels, comme donner sa vie. Mais dans son déploiement complet, cette vertu nous permet d’accomplir le don de sa vie dans la vie ordinaire.
En effet, il peut être plus facile de décider de se battre pour pouvoir célébrer la messe dans notre pays, que de passer l’aspirateur, faire la vaisselle ou demander pardon à une personne confinée avec nous.
Pire que les églises vides, seraient des églises remplies d’hypocrites. Ce qui disent et ne font pas.
Ce que le Seigneur nous propose, c’est de sortir du confinement de notre péché. Ce chemin passe par la Croix, mais la Croix glorieuse !
La Croix a vaincu. Réjouissons-nous !
Henryk BHATKER
[1]Où vas-tu Seigneur ?
[2]Je vais à Rome me faire crucifier de nouveau