Benoît est séminariste en quatrième année pour le diocèse de Nantes. Son humour fin ne manque jamais d’égayer l’ambiance pour ouvrir les vannes du rire aux autres. Il nous livre son témoignage.
Nous avons tous appris, lundi dernier, que le confinement allait durer encore jusqu’au 11 mai minimum! Comment supporter le prolongement de ce temps quand notre communauté est éclatée et qu’il nous faut supporter l’absence des sacrements qui nous font vivre? Saint François de Sales observait, et nous en prenons conscience d’une manière plus aiguë en ce moment, qu’ « on a besoin de patience avec tout le monde, mais particulièrement avec soi-même ». Seigneur, as-Tu mis en nous les ressources nécessaires pour surmonter ce genre d’épreuves? En étudiants sérieux, allons poser la question à Bergson : « Rire est le propre de l’homme », selon lui. Alors que le monde traverse une crise de fou, rire serait-il un secours et un remède à une situation difficile?
Et d’abord, pourquoi rire? L’humour fera-t-il passer le temps plus vite? Aidera-t-il les personnes qui souffrent de la situation actuelle? « Celui qui leur fait oublier un instant les petites misères…la fatigue, l’inquiétude et la mort; celui qui fait rire des êtres qui ont tant de raisons de pleurer, celui-là leur donne la force de vivre », répond Marcel Pagnol.
N’est-il pas plutôt le symptôme d’une coupable légèreté d’esprit, d’irresponsabilité, et au pire, de folie?
Est-il un exutoire simpliste face à une situation oppressante? Un rire nerveux et irrépressible traduisant un besoin impérieux de décompression?
C’est possible. Mais pour moi l’humour et le rire sont surtout les symptômes d’une joie plus profonde. Ils manifestent un bonheur que les épreuves et les difficultés ne peuvent confiner en moi, qui doit impérativement sortir et se communiquer.
Il est facile de se réjouir quand tout va bien, dans une société où tout est organisé pour se divertir. Mais savoir faire de l’humour dans l’adversité n’est pas la crise d’un fou. Rire manifeste que la source de notre joie n’est pas le confort d’un moment. Car notre joie se fonde dans la Résurrection du Christ que nous venons de fêter. Et nous pouvons dire à cette occasion:
« Alors notre bouche était pleine de rires, nous poussions des cris de joie ; alors on disait parmi les nations : ‘ Quelles merveilles fait pour eux le Seigneur’! » Ps 125,2.
Nous devons toujours manifester notre joie. Le pape François nous rappelait en 2018, lors d’une méditation sur la joie chrétienne, qu’« un chrétien qui n’est pas joyeux dans son cœur n’est pas un bon chrétien ». Oui, en ce temps pascal nous avons toutes les raison de rire, de chanter et de fêter notre Dieu.
Benoît de VASSELOT