Pierre-Emmanuel est séminariste en quatrième année pour le diocèse de Nantes. Il nous donne son témoignage sur l’expérience de Pâques. 

Le Christ est ressuscité, Il est vraiment ressuscité ! Alléluia, alléluia ! Quelle joie de pouvoir le chanter, de pouvoir le proclamer, de pouvoir le crier sur tous les toits ! Mais cette année cela résonne creux dans les églises, cela sonne vide. Je peux le dire toute l’année mais suis-je capable de le vivre aujourd’hui ? Aujourd’hui où je regarde des messes célébrées dans des églises vides ? Des processions au milieu de bancs vides ? Il n’y a rien pour me montrer le Ressuscité… Rien ?

Qu’elle est belle cette foi de Jean que nous redécouvrons à chaque Pâques. C’est celui qui a le plus aimé qui a pu poser le juste regard sur l’absence : « Il vit et il crut. » Je connais par cœur ces paroles. Chaque année je m’y arrête. Chaque année je trouve ça beau… Mais je crois que c’est la première année où cela prend autant de sens ! Circulez, il n’y a rien à voir. « Il n’est pas ici, Il est ressuscité. » (Lc 24,6) « L’heure vient – et c’est maintenant – où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité » J’ai enfin découvert ce que signifiait être chrétien !  « tels sont les adorateurs que recherche le Père. » (Jn 4,23)

« Mon âme à soif de Dieu, le Dieu vivant » (Ps 42), que cette soif m’habite sans cesse, et Lui, me comblera au-delà de toute espérance. Lisons et relisons les textes qui nous sont donnés par la liturgie lors de la Veillée Pascale, notre vocation de baptisé est mis en évidence : « à sa lumière, marche vers sa splendeur » (Ba 3,32).

Vivre Pâques confiné, c’est faire l’expérience que le Christ traverse les portes. Il ne cantonne pas sa Présence aux églises, aux sacrements. Il se tient au milieu de nous. « Au milieu de la nuit un cri se fait entendre : Voici l’Époux qui vient, venez à sa rencontre ! » Vais-je l’accueillir ? C’est également faire l’expérience que la joie est un don. Mon cœur n’est peut être pas à la fête. Et pourtant la liturgie met sur mes lèvres des chants d’allégresse. « Exultez de joie, multitude des anges, exultez, sonnez cette heure triomphale et la victoire d’un si grand roi. Sois heureuse aussi, notre terre, irradiée de tant de feux, car il t’a prise dans sa clarté et son règne a chassé la nuit. » (Exultet)

Aujourd’hui, je ne veux pas oublier tout ce que le Seigneur a fait pour moi. En passant par les eaux du baptême, Il m’a déjà ressuscité ! Oui, c’est la fin du monde… et ça fait 2000 ans que ça dure ! Alléluia ! Viens Seigneur Jésus ! Viens habiter Ta demeure en mon âme ! Ô Toi le Bien Aimé, soit toi même ma joie.

« Que demeure en vous la grâce de Dieu, la grâce pascale qu’il vous offre aujourd’hui : qu’elle vous protège de l’oubli et du doute … Par la résurrection de son Fils, il vous a fait déjà renaître : qu’il vous rappelle toujours à cette joie que rien, pas même la mort, ne pourra ravir … Ils sont finis, les jours de la Passion, suivez maintenant les pas du Ressuscité : suivez-le désormais jusqu’à son Royaume où vous posséderez enfin la joie parfaite AMEN ! » (Bénédiction solennel de Pâques)

Terminé pour le carême cette année. J’ai eu ma dose ! Changement de lieu pour le confinement. Après le désert, aujourd’hui direction le Cénacle, auprès de la Vierge Marie, en attendant l’envoie du Défenseur qui me fera chanter en langue ! Vous voulez voir ça ? Alors à très vite ! « Roi victorieux, prends-nous en pitié ! » (Séquence de Pâques)

Pierre-Emmanuel BOUCHAUD

Résurrection de Jésus, Rembrandt, 1639