En vertu du report liturgique (le 24 mai : jour du Seigneur), on a fêté avec joie et surtout avec une grande ferveur les saints patrons du diocèse de Nantes le 25 mai au séminaire saint Jean. Cette solennité a pris une tonalité particulière du fait de la situation actuelle du diocèse (en attente de son pasteur) et la présence d’un magnifique tableau des saints martyrs dans le chœur de la chapelle avec une décoration inédite et solennelle (voir pièce jointe).

En effet, l’Eglise de Nantes est née du sang de deux martyrs, les « enfants nantais », deux frères : Donatien et Rogatien, l’un baptisé, l’autre catéchumène. Tout commence par ces deux frères de sang comme dans l’Evangile. Leur martyre a eu lieu entre 250 et 304 et est la plus ancienne attestation de l’existence du christianisme dans l’ouest de la France. Leur histoire marque pour toujours ce diocèse et, sans doute, le caractérise. Un très beau souvenir fut conservé dans les Actes de leur martyre : « alors que Rogatien n’était encore que catéchumène lors de leur incarcération, il crut que, s’il obtenait un baiser de son frère catholique, cela lui serait comme un baptême[1] ». Sa foi lui a tenu lieu de baptême et le parfum du Christ l’a envahi ! Alors, « debout, palmes à la main, les martyrs crient leur joie au Seigneur[2] »

Mû par l’Evangile, l’ancien évêque de Nantes s’exprimait en ces mots dans sa lettre adressée aux prêtres du diocèse : « je veux donc considérer l’Eglise de Nantes, comme une « fraternité en Christ ». C’est une bonne nouvelle à vivre et à annoncer aujourd’hui[3] ». Cette fraternité en Christ est à vivre à tout niveau dans nos relations. Elle est d’une actualité cruciale et peut renverser la dictature de l’indifférence. Certes, les martyrs sont pour nous des témoins authentiques dans l’isteloV de saint Jean (témoigner jusqu’au bout – Jean 13), mais en même leur vie nous révèle que la charité s’exprime dans le service du frère à l’exemple du Christ. On a la grâce d’avoir une belle communauté au séminaire saint Jean. On fait l’expérience de la prière commune, de l’interdépendance et de la solidarité. La vie fraternelle est par définition exigeante car on doit se quitter réellement pour rencontrer en profondeur l’autre, mon frère. « Le but de la fraternité, c’est de nous rencontrer pour nous apporter mutuellement la bonne nouvelle du salut[4] ». Et dans cette perspective, nos fragilités doivent être habitées par l’Evangile. Nous sommes frères à cause du Jésus-Christ, quelle joie ! Néanmoins, certaines conceptions de la fraternité sont à proscrire car contraire à l’Evangile : une fraternité qui reste à l’état « déclaratif » et qui fixe des frontières (on est frère avec certains). Cependant, ce bien commun qu’est la fraternité a besoin bien souvent d’être renouvelé par le « baiser du pardon ». Ainsi, on peut chanter avec le psalmiste : « qu’il est bon, qu’il est doux pour des frères de vivre ensemble et d’être unis[5] ».

L’amour fraternel vérifie, en nos vie, l’amour de Dieu. Un diptyque salutaire !

Oui, « que demeure l’amour fraternel » ! (He 13, 1)

Jean-Louis GOMIS

[1] Les Heures de Nantes p15

[2] Les Heures de Nantes, Antienne 2 Office des Lectures, p17

[3] Monseigneur JP JAMES, Lettre Ouverte, Que demeure l’amour fraternel, 2018, p12

[4] Dietrich BONHOEFFER, de la vie communautaire

[5] Psaume 132, 1