Pour vivre ce confinement, j’ai décidé d’aller chez mes parents. Parti de la maison pour le début de mes études, je ne m’attendais pas à y revenir une fois dans ma vie aussi longtemps, comme quoi la vie nous réserve des surprises, et on ne peut rien savoir ! C’est une joie de le vivre en famille, en tant que séminariste, d’autant plus que c’est une famille unie et qui s’aime. Dans la maison, nous sommes dix : six pour ma famille, et quatre pour la famille d’un oncle, je me retrouve l’aîné car mes deux grandes sœurs ne sont pas là.

            Être en famille, c’est apprendre à avoir un rythme de séminariste tout en se faisant déranger. Je vous rassure tout de suite, cela se vit bien. En effet, au séminaire nous avons un rythme commun et réglé (entre prière, travail et moments plus souples), pas en famille. Je suis bien plus dérangé en famille entre le petit frère qui souhaite jouer aux playmobils, la sœur qui demande mon avis pour sa dernière idée sans oublier les tâches ménagères et les temps familiaux, qui peuvent bouger à chaque instant mais avec une certitude, ce ne sera jamais au bon moment, évidemment. Il faut apprendre à discerner les moments où dire non, où dire oui, cela fait grandir, et c’est bon.

            Être en famille, c’est aussi prendre le temps de découvrir chacun un peu plus, avoir des temps particuliers avec chacun, par exemple le petit déjeuner avec mon père, les Laudes avec ma mère, des jeux avec chacun ou de projets, cela est beau. C’est partager les joies et les peines plus intensément, mieux les comprendre et donc les aimer encore plus. C’est aussi partager des moments familiaux qui soudent, des parties de jeux endiablés, des fous rires tous ensemble, des repas interminables, des débats, que de bons souvenirs cela nous fera !

            Enfin, être en famille, c’est aussi essayer d’apporter spirituellement quelque chose à la famille, en respectant la foi, ou non, de chacun, entre demandes et initiatives : organisation du triduum (que je ne pensais pas pouvoir vivre avec ma famille intégralement un jour), catéchisme, proposition des offices, de films, de lectures, etc. Apporter mais aussi recevoir, de la foi des enfants, de celle des parents, par les questions posées, de se laisser toucher par Dieu qui agit par la famille.

            Bref, vivre en famille, ce n’est pas mieux ou moins bien que le séminaire, c’est une expérience différente, enrichissante. J’ai décidé d’aller en famille pour le confinement, je le vis pleinement, je suis là où le Seigneur le souhaite, alors Dieu soit béni !

Benoît de SAINT-PIERRE