Je ne me doutais pas en rentrant d’une virée en Mayenne ce dimanche 15 mars que je me retrouverais quelques heures plus tard assis sur un banc chez moi à contempler les collines. « Bonjour » me dirent mes frères et sœurs réunis au grand complet. Me souhaitez-vous le bonjour ou constatez vous que c’est une bonne journée , que je le veuille ou non, ou que vous vous sentiez bien, ou encore que ce soit une journée où il faut être bon ?
Un bon jour au séminaire est rythmé par les temps de prières communautaires, les heures de cours et les temps de travail. Les journées sont bien remplies, et l’emploi du temps bien établi. Même si on ne s’y ennuie pas, la vie y est tranquille.
Et maintenant qu’est-ce qu’un bon jour ? Au départ, je n’arrivais pas à imaginer un bon jour dans cette situation, j’étais frustré d’être mis au placard, d’être préservé, comme si on me mettait sur le banc de touche alors que le match battait son plein ! Je me sentais inutile et impuissant.
Le bon jour ne pouvait plus être tel qu’il avait été et je ne pouvais pas en faire ce que j’aurais voulu qu’il soit. Alors « qu’entendez-vous par bonjour ? » Oh je vais prendre le temps, on verra bien, rien ne presse … eh bien non !!! Je n’ai pas le temps de faire des ronds de fumée, « vite » (x2) agir comme les femmes à la Résurrection disait le frère Jean François Marie dans son homélie de la vigile pascale. Ce temps n’est ni à perdre ni à subir, c’est une nouvelle opportunité d’être saint. Le Seigneur m’invite à vivre une aventure, dans le calme de la prière et la simplicité de la vie familiale.
Ici chaque jour est rythmé par la prière, personnelle et familiale. Moi qui voulais être utile et actif, jusqu’à sauver le monde, c’est Lui, le vrai et seul Sauveur, qui vient frapper à ma porte et me dire « Jésus, pour te servir » ! Bien que parfois tenté de rester dans mon lit ou taper la balle avec mes frères, ces temps sont source de paix et de joie et me motivent toute la journée.
Les études prennent une place légitime même si l’appel de la nature si belle et des sourires ravageurs de mes frères et sœurs font leurs effets sur moi, je m’applique de mon mieux à ces devoirs.
Enfin, je referme mes vieux livres remplies de sagesse et de bonnes paroles, je prends mes bottes et mes gants tout troués et avec mes frères nous travaillons dans le jardin. Le temps s’écoule au rythme des coups de masses sur les pieux de la nouvelle clôture de l’âne ou par le défilement de brouette chargées de pierres ou de mauvaises herbes. Le jardin n’a jamais été aussi propre et mon papa souhaite que le confinement dure plus longtemps…
Avant que la nuit tombe, je tape le foot avec mes frères ou je cours à travers les champs de colza déjà fleuris ( ou des champs avec du fumier frais juste répandu … ).
Oui c’est une véritable aventure que je vis, elle apporte son lot d’épreuves qui invitent à la conversion, il n’y a rien d’extraordinaire, comme vous c’est la vie du quotidien. Mais la joie règne, et par le service et la prière tous nous avançons dans ce monde qui est à l’arrêt !
Chaque matin annonce un bonjour, chaque bonjour est un appel, une aventure !
Bonjour à vous !
Joseph Larger